Chap 44

SIC - La force de la communauté

par ses cinéastes, 2021

SIC pense sa dynamique à partir de la dimension de ses rencontres : au pouvoir de se rassembler, de penser ensemble, d’échanger généreusement. L’Atelier fonctionne horizontalement et au cours du temps, il est devenu une communauté et un réseau ouvert.

Les artistes qui nous sollicitent proviennent d’univers différents avec des parcours, des âges, des cultures, des bagages différents: artistes, techniciens de l’image ou du son, journalistes, écrivains, militants qui souhaitent poursuivre leur démarche de manière artistique, universitaires, anthropologues, cinéastes à la recherche de nouvelles formes de narration, autodidactes…
Et même si l’Atelier favorise l’accueil des participants de la Fédération, il a pour vocation d’ouvrir son espace à l’International et participe à un réseau d’échanges artistiques multiculturels.

Tel un laboratoire, l’Atelier propose aux participants de développer leur projet artistique tout en suscitant un dialogue au sein d’une communauté d’artistes.

Lieu d’échanges qui tente d’ouvrir de nouvelles perspectives d’écriture et de langage, sa richesse existe par le décloisonnement des frontières entre art/cinéma, fiction/documentaire, poésie/essai, narration/spéculation.

Organisé par un groupe de cinéastes passionnés, tous actifs dans leur pratique , SIC soutient des projets qui proposent des écritures sensorielles, poétiques et privilégie les nouvelles formes de narration. L’Atelier offre un espace pour faire émerger des formes audiovisuelles non conventionnelles et socialement significatives. Des films qui se font ici et maintenant, hors des délais économiques, logistiques et administratifs d’une production classique.

Concrètement, L’Atelier accueille les projets des participants sur une période de douze mois sous forme de sessions collectives et coaching individuels, dans un environnement qui se veut sécurisant et bienveillant. Dans sa philosophie, l’Atelier est attentif à la qualité de l’environnement qu’il propose. Sans parfois nous en rendre compte, nous participons à de multiples systèmes d’inégalité en occupant des positions différentes. Les angles morts comme les préjugés sont réels et ne pas les voir, ne signifie pas qu’ils n’affectent pas ou ne nuisent pas tant au résultat d’un projet qu’à nos rapports aux autres.
Dans une certaine mesure, l’Atelier propose à chacun de défier sa position et de permettre qu’elle soit remise en question, tout en respectant les limites de chacun, chacune. En faisant de l’éveil aux autres une culture, nous constatons que la complexité des échanges et le processus de travail sortent enrichis. L’Atelier offre un environnement bienveillant où la complexité des échanges devient un outil de réflexion et d’épanouissement.

Par cette manière d’envisager l’Atelier, les invités internationaux participent aux séances collectives et échangent directement avec les participants tout en proposant des moments plus spécifiques sous forme de master class ou séminaires. Ces rencontres avec des producteurs, des curateurs, des artistes, permettent aux participants de vivre une réelle émulation et de développer des réseaux.  Ils découvrent de nouvelles perspectives, convoquent leurs imaginaires et, sans peur, explorent leur vision au delà du cadre classique.

Parmi nos invités, des cinéastes tel que Alia Syed, Ben Russell, Carlos Casas, Jelena Juresa, Louis Henderson, David Toop, Jeff Silva, Ursula Biemann, Ana Vaz, etc.
En même temps, des cinéastes belges sont invités à montrer leur travail lors de séances spéciales ouvertes au public : Laure Portier, Paloma Sermon-Day, Emmanuel Marre, Rosine Mbakam…

SIC développe aussi des projets qui viennent d’autres Ateliers et vice-versa, ces ateliers partenaires comme Dérives, Atelier Graphoui, CVB peuvent prendre le relais et intervenir en terme de production, au moment de la finition. Seul atelier de production bi-communautaire, SIC est financé par la Fédération Wallonie Bruxelles, par le Vlaams Audiovisuel Fonds (VAF) et la VGC, mais aussi par ses propres participants.

 

SoundImageCulture vu par ses participants

MAXIME JEAN-BAPTISTE
Participant SIC 2018/2019

Le projet de film « Kouté Vwa » que je réalise actuellement, a pris naissance au sein de l’atelier SoundImageCulture, à travers différentes sessions collectives s’étant déroulées entre septembre 2018 et décembre 2019. Il m’était important d’inscrire au sein de ce projet, une dimension personnelle qui m’était propre. C’est ainsi que le projet « Kouté Vwa » s’est développé progressivement, projet que je mène actuellement personnellement. Prenant comme point de départ la participation de mon père dans le film « Jean Galmot aventurier », « Kouté Vwa » lie d’une part une réflexion critique sur l’impact que ce film a pu avoir dans la mémoire collective, et revient sur un traumatisme qui a touché ma famille profondément: le meurtre de mon cousin Lucas en 2012, à Cayenne (Guyane). « Kouté Vwa » contient de nombreux éléments historiques et sa narration traverse différents contextes socio-politiques et matières audiovisuelles. Mon travail actuel est de tisser cette dense matière, de rendre vivante cette archive, de la transformer en une polyphonie qui perce le silence du deuil.

SIC m’a permit de clarifier plus précisément les angles et directions du film, en tentant d’aller au cœur de mes intentions, qui étaient encore embryonnaires et teintées de flou au début. L’aide de mon coach Amir Borenstein me fut essentielle afin d’avoir un retour critique sur l’avancée du projet, et certains autres coachs de SIC m’ont été d’une grande aide grâce à leur retours précieux. Mais il me faut surtout remercier d’une part Susanne Weck qui fit un travail nécessaire et important afin d’organiser les sessions collectives, de nous proposer des évènements publics, et de permettre avec son aura positive que les discussions se passent pour le mieux.
Actuellement, mon projet est en production avec la société Spectre Productions à Paris et Olivier Marbeuf. Nous avons aussi obtenu la subvention « Fiction légère » de la FWB, le film est produit en Belgique par Rosa Spaliviero, 29 Studio &Productions (et soutenu par l’Atelier Graphoui).

 

HARA KAMINARA
Participante SIC 2018/2019

La première fois que j’ai entendu parler de SIC, c’était lors d’un atelier d’ethnographie visuelle des paysages urbains à Athènes en 2016. J’ai postulé pour rejoindre Sic quelques années plus tard car j’avais un projet cinématographique et voulais des conseils concernant à la fois la technique et le langage cinématographique. J’ai aimé l’approche d’une plateforme pluridisciplinaire associant différentes approches du langage cinématographique (les arts visuels, la pratique documentaire, l’anthropologie visuelle, etc.). Le travail artistique et créatif peut être un processus très solitaire. De plus, il est essentiel de pouvoir prendre du recul pour regarder le travail sous des angles différents et c’est exactement ce que proposait SIC.
Avoir une communauté pour se rencontrer et discuter de projets personnels est une chose très importante. Si cela est fait de manière sage et respectueuse, cela aide à tirer le meilleur parti des projets. SIC a créé cette communauté. Partager ce processus créatif avec des personnes dans la même situation, qui ont elles-mêmes été confrontées à des questions et problèmes similaires est très utile. De plus, vous apprenez beaucoup en suivant l’évolution des projets d’autres personnes, qui sont tous à des niveaux et des étapes différentes. J’ai autant appris en suivant le développement d’autres projets qu’en suivant les masterclasses, les coachs et les invités.
La sélection d’invités internationaux , de personnes d’horizons différents ayant toutes d’autres perspectives sur les projets, contribuent à leur manière à voir et comprendre davantage ce que l’on veut faire. Les coachs, ainsi que les invités, essayaient de s’impliquer dans les projets et personnellement, j’ai trouvé qu’il y avait toujours quelque chose d’intéressant à apprendre.
Les sujets abordés et les « master classes » qui ont eu lieu étaient également intéressants. Je mentionnerai particulièrement Mary et Susanne qui étaient les deux personnes avec lesquelles j’étais le plus impliqué. Mary avec qui j’ai eu la chance de travailler étroitement était un excellent mentor et j’ai beaucoup appris d’elle. Le film n’aurait pas été où il en est maintenant sans ses conseils, son aide et son soutien. Il en va de même pour Suzanne qui a toujours été présente, douce et résolument à l’écoute. Lettre à Nikola a a été repris par Derives pour sa finition. Il a reçu le prix spécial du Jury au Thessaloniki Documentary Film Festival, Grèce, 03/2022

 

FAUSTINE CROSS
Participante SIC 2018/2019

SIC a marqué un tournant décisif dans mon travail. Le regard des coach et des participants ouvrent un espace de laboratoire et de recherche cinématographique qui m’a permis d’approfondir mon travail. D’autre part, ce travail accompli ensemble m’a aussi ouvert les portes de prestigieux festival de cinéma comme le Festival de Cannes et le Festival de Lussas durant lesquels le regard singulier de mon projet a été salué. Aujourd’hui je suis arrivée au bout d’un travail de fond avec le SIC qui me permet de  commencer la post production de mon film avec l’atelier Derives. Grace à ces 18 mois passés au SIC j’ai trouvé mon film.

 

ARKADI ZAIDES
Participante SIC 2018/2019

THE CLOUD est mon premier projet de film. Je cherchais un environnement « safe » où je pourrais plonger dans le processus créatif dans ce nouveau domaine. De plus, étant nouveau à Bruxelles, je cherchais à me familiariser avec la communauté locale des réalisateurs et artistes, à connaître la scène artistique locale et les institutions artistiques en général. J’ai pensé que le programme de SIC était utile dans le développement et la réalisation de mon projet. Les sessions collectives et les retours d’expérience ont été fructueux et instructifs, j’étais heureux de suivre les projets de mes pairs et de connaître leurs processus et défis individuels. Les invités Louis Henderson, Alia Syed, Emmanuel Marre, Vivianne Perelmuter étaient
très intéressants. L’organisation générale était très bonne, nous avons obtenu toutes les informations à temps et avons été présentés à des partenaires locaux de la ville, qui pourraient nous aider à emprunter du matériel, ce qui est très utile lorsque l’on vient en dehors du terrain.

 

ANDRES RUMP
Participante SIC 2018/2019

J’envisageais depuis longtemps de réaliser un projet de film documentaire autobiographique qui traite également d’une (mon) histoire familiale difficile. Il était important pour moi que le processus d’expression du contenu et en même temps de recherche d’une forme extérieure, soit accompagné dans un cadre protégé. Dans cette première phase du projet de film, j’ai pu utiliser la structure des colloques réguliers au SIC, pour soutenir ce processus de manière constructive. J’ai trouvé très utile que les tuteurs et les autres participants impliqués aient créé un environnement familier dans lequel le caractère parfois très personnel de mon projet était discuté et commenté dans une atmosphère à la fois chaleureuse et constructive.

 

MATTHEW LANCIT
Participante SIC 2018/2019

J’ai rejoint SIC pour partager mon travail cinématographique en cours sur un projet spécifique avec une communauté de cinéastes. Je travaille souvent seul et l’approche pour ce projet consistait à filmer diverses expériences sur une longue période. Un groupe comme SIC était essentiel à mon travail d’artiste. Comme les progrès technologiques ont changé la façon de faire des films, j’ai l’impression qu’une sorte d’atelier de cinéma comme celui proposé par SIC est de plus en plus nécessaire. En mélangeant une sorte de collectif d’artistes avec une atmosphère de retour critique que l’on retrouve plus souvent dans les ateliers d’écriture créative, SIC m’a offert une occasion ouverte et accueillante d’utiliser continuellement mon appareil photo comme un stylo. De plus, SIC a créé un environnement dans lequel je peux regarder sérieusement les travaux des autres participants et tester mes propres idées.
Une ambiance collective comme celle-là est rare chez les cinéastes. En fait, je n’en connais pas d’autre. Je suis chanceux et reconnaissant d’en avoir fait partie. Les invités et les coachs étaient tous super. Chaque coach avait sa propre réponse directe à mon travail et j’ai été impressionné par la façon dont leurs échanges avec moi étaient attentionnés et généreux lorsque je les ai sollicités. Chaque invité a pris son rôle très au sérieux. Non seulement ces invités nous ont offert un aperçu approfondi de la façon dont ils travaillent sur leurs propres projets, mais chaque invité a soigneusement examiné le fonctionnement du projet de chaque participant. J’espère poursuivre ma communication et mon engagement avec SIC d’une manière ou d’une autre à l’avenir.

 

SONIA PASTECHIA
Participante SIC 2018/2019

Je me plaignais de ma solitude en développant mon film et c’est Charo Calvo qui la première m’a parlé de SIC. C’était vraiment utile d’être au sein d’un groupe qui, comme moi, se demandait comment créer des images en remplacement des mots, des pensées, des désirs. La beauté des projets de mes partenaires, la lutte continue pour atteindre le centre du projet et le cœur du public fût très utile… ce questionnement. Ce qui est extrêmement inspirant, c’est que le regard de chaque réalisateur s’exprime dans des formes si différentes ! Par les discussions, les essais, les exemples, le langage cinématographique s’affranchit et libère chaque participant d’un carcan. C’est cette liberté que je cherchais, que je m’efforce de poursuivre. Avoir un coach permet un suivi, des dialogues plus ciblés autour de notre projet. Avec Mary Jimenez, le dialogue est toujours en cours. Le film n’est pas encore terminé, mais il est en route. Le postulat initial accepté (qui était le fait d’avoir autant d’images et de désirs sans chercher au préalable aucune suite« logique ») il m’a permis de poursuivre mes désirs et travailler. Cela m’a donné beaucoup de confiance surtout quand on s’interroge sans fin sur le langage utilisé pour un projet particulier, ce qui est en fait toujours le cas. L’intervention extérieure est également très appréciable, car elle ouvre la relation participant/coach et apporte ainsi de l’air frais. Chaque intervenant a été extrêmement respectueux des propositions des auteurs.