Chap 27
Père et fils. Histoire de travail
par Anne Brunelle, chargée de mission & Pascal Majérus, Conservateur du Musée bruxellois des industries et du travail
Le geste ordinaire est l’histoire d’une relation qui se cherche : « C’est mon père mais je ne le connais pas » dit Marc en préambule. C’est par le biais de son travail que le fils va tenter de comprendre son père. Le travail, un concept à la fois public et tellement intime, est au centre de ce film. Il permet de dévoiler ce père méconnu à sa famille.
Le geste ordinaire, Maxime Coton (2011)
C’est aussi l’histoire d’un monde disparu, puisque l’usine Duferco à La Louvière a définitivement fermé ses portes en 2013. Spécialisée dans les produits longs (du « fil machine », notamment), Duferco employait 450 travailleurs qui furent victimes de la crise de 2008. Avec le recul, le film prend une tournure tragique et nous montre comment un savoir faire et des compétences acquises par des années de pratique, de gestes précis, de compétences particulières (par exemple, pouvoir décrypter un bruit de machine) se sont définitivement perdus.
PERE ET FILS
Le père Marc Coton, est mécanicien de maintenance. Il s’exprime à travers les gestes. Le fils, le réalisateur Maxime Coton, est musicien, poète, ingénieur du son, cinéaste. Il s’exprime à travers l’art. A priori, tout les oppose.
Au début du film, on suit Marc (la caméra en est très proche) jusqu’à une armoire dans laquelle il prend une clé dont il se sert pour ouvrir une porte. Il ouvre une porte pour son fils sur ce qu’il a jusqu’à aujourd’hui gardé pour lui : son domaine, son travail. D’ailleurs Maxime dira plus loin à un jeune collègue de son père « Je suis ici pour mieux connaître mon père parce que pour moi, c’est étrange, c’est mon père et je ne le connais pas ». Peut-être se demande-t-il à ce moment-là si le jeune homme en face de lui, qui passe ses journées de travail aux côtés de Marc, ne le connaît pas mieux que lui, son propre fils ?
D’un côté comme de l’autre, on devine au fil du film que chacun maîtrise son métier. Marc, dans son atelier semble donner les ordres, répond aux questions de ses collègues, dit aux autres quels outils il faut utiliser… Bien qu’il ne se mette jamais en avant, Maxime apparaît rapidement comme sachant maîtriser sa matière. Son propos est simple et clair, ses images léchées, le son impeccable…
HISTOIRES DE GENERATIONS
Le père est ouvrier. Il n’a que peu d’accès à la culture car il n’en a pas le temps; il n’a pas appris à se servir des mots ou de l’art pour s’exprimer. Ses outils de travail sont de grosses machines costaudes, de l’outillage simple et solide qu’il faut savoir utiliser correctement.
Le fils est artiste. Il utilise une technologie de pointe pour s’exprimer, des appareils fragiles, l’informatique…
Ils vivent dans des univers différents (voire opposés), des époques différentes.
Dans la seconde moitié du film, Maxime travaille dans le jardin avec sa mère. Ils cueillent des fraises. Elle lui donne des conseils sur ce qu’il doit cueillir, et comment il doit le faire. Maxime l’intellectuel a besoin d’être guidé par ses parents dès qu’il a un travail manuel à faire.
A la 19e minute, alors que Maxime interroge les collègues de Marc sur ce qu’ils souhaitent comme avenir pour leurs enfants, ils lui disent « nous on est fiers de notre usine, ce n’est pas que nous ne sommes pas fiers de ce que nous faisons, nous le sommes. Mais nous voulons que nos enfants aillent le plus loin possible. L’usine, c’est l’univers d’un autre temps. »
Maxime n’interroge jamais Marc directement. Plus tard dans le film, il demande à sa grand-mère : “Crois-tu que j’aurai une meilleure vie que papa ?”, ce à quoi elle répond: “T’en auras une autre, les choses sont différentes… Il n’aurait pas voulu que tu fasses ce que lui fait.”
Une scène montre Marc et Maxime dans le garage de la maison des parents. Marc tente d’apprendre la soudure à son fils, qui a manifestement des difficultés à maîtriser les outils : le casque ne tient pas sur sa tête, les gestes de Maxime sont hésitants, le fer à souder n’est pas stable dans sa main… Marc parle de bain et de cordon, Maxime ne le comprend pas.
Vient ensuite une belle transition sonore entre le crépitement du fer à souder et l’eau qui coule pour refroidir les machines et le métal à l’usine, où nous retrouvons le dernier arrivé dans l’équipe de maintenance qui – autant qu’on puisse en juger – doit avoir sensiblement le même âge que Maxime. On le voit très attentif à ce que font ses collègues et, lorsqu’il s’agit de manipuler un outil, bien plus à l’aise que ne l’est Maxime dans le garage. Le jeune homme a expliqué, plus tôt dans le film, qu’il a déjà travaillé dans plusieurs usines puis suivi une formation pour se spécialiser dans l’électro-mécanique.
Dans l’univers du fils, on ne peut pas comprendre l’usine, qui est d’un autre monde, d’un autre temps. Pour comprendre ce monde et ce temps, Maxime va devoir passer de longs moments à l’usine, s’y immerger.
La tendresse remplit ce film : tendresse des gestes des ouvriers entre eux, attentifs à la sécurité des uns et des autres ; tendresse des moments d’amitiés pendant les pauses ; tendresse du couple ; tendresse du regard du fils sur son père par l’intermédiaire de la caméra ; tendresse du père à l’égard de son fils, lui montrant les gestes du soudeur, acceptant aussi de se livrer dans son intimité. Ce film plonge dans une intimité profonde, mais loin d’être voyeuriste, la tendresse ambiante rend la caméra pudique.
UNE PARTITION
Maxime a une formation d’ingénieur du son et utilise le son pour créer une musique (parfois, c’est réellement de la musique) qui traverse le film d’un bout à l’autre. Si à certains moments le bruit de fond de l’usine est une sorte de gros bourdonnement permanent, à d’autres moments les sons se diversifient : frottements, écoulement, jet d’eau, glissements, crissements… se distinguent nettement.
Comme dans Dancer in the dark, de Lars von Trier (2000), les machines et les outils sont des instruments jouant une partition. Parfois, quelqu’un siffle pour attirer l’attention d’un collègue et ajoute ainsi une note à la partition. Ou bien l’on sifflote ou l’on chante en travaillant. Le travail conjoint de Marc et Angelo est comparé à « du piano à 4 mains ».
Hors de l’usine, Maxime utilise également la matière sonore comme une musique. Le travelling durant lequel on précède Marc, à vélo, sur la route, se termine par un gros plan sur le visage du père du réalisateur mais on entend le son régulier du pédalier. Petit à petit, ce son in devient le rythme de la musique off.
Le générique de fin de film est une mélodie mélancolique, une musique qui permet au spectateur de dérouler et d’intégrer le propos du film. Elle se termine néanmoins sur 6 notes optimistes et souriantes : l’avenir sera beau !
UN METIER, UN MONDE
Marc, le mécanicien de maintenance, connaît bien ce métier qu’il exerce depuis longtemps. Il commence à travailler lorsque la chaine de production s’arrête. Il doit alors aller très vite (car là, le temps est réellement de l’argent, pour l’employeur en tous les cas) et se trouve mis sous pression par ses supérieurs. Le repos de nuit ou du dimanche n’existe plus lorsque la machine s’enraye.
Au début du film, juste avant que Marc n’apparaisse à l’image pour la première fois, on entend la voix – dont on sait immédiatement qu’elle est celle du réalisateur – dire : « Papa est un homme, un homme est une force de travail, le travail de papa est sans lumière ». Puis on voit un homme, bras croisés sur une table, la tête entre les bras. On l’imagine alors épuisé, découragé, voire dépressif… sentiment induit par ce qui est dit en voix off. La voix off continue, sur le même ton, et peut ainsi renforcer l’impression d’une vie terne chez le spectateur. Pourtant, ce sentiment s’évanouit rapidement lorsqu’on voit Marc lever la tête et sourire. Ce qui n’empêche pas la voix off, pessimiste, de continuer sur le même ton. Se pose alors la question du sourire : était-il gai ? Etait-il triste ou fatigué ? A cette étape du film, le métier du père reste une énigme à dénouer. On voit ensuite Marc marcher d’un pas décidé entre deux rangées de racks, il nous donne à ce moment l’impression d’être énergique, de savoir où il va et ce qu’il a à y faire. Il prend une clé dans une armoire et ouvre une porte qui donne sur des machines, un endroit plein de mouvements et de bruits. Il a les clés de ce monde !
Dans ce monde de bruits, les mains travaillent et parlent : on communique essentiellement par gestes car les sons ambiants couvrent les voix. Lorsque Maxime interroge le plus jeune membre de l’équipe de maintenance (qui, comme nous l’avons déjà souligné, joue un rôle essentiel en étant le pendant du fils à l’intérieur de l’usine), il lui demande pourquoi il a quitté son ancien boulot pour venir chez Duferco. Le jeune homme répond d’abord avec les mains, comme s’il lui était plus facile de parler avec les mains. En frottant son pouce contre son index et son majeur, il nous dit que c’est pour l’argent qu’il a changé de boulot puis, se rendant compte qu’il a parlé avec les mains, il finit par le dire avec la voix. Tous les gestes semblent ici assurés, y compris pendant la partie de cartes où l’on voit les hommes manipuler les cartes avec beaucoup d’adresse et de maîtrise.
Le corps constitue donc le premier outil de travail, que Marc entretient en faisant du sport. Pendant une pause de midi, à l’usine, un ouvrier dit qu’il faut « reprendre des forces » en mangeant, il faut alimenter l’outil en énergie.
Tout, dans l’usine, est impressionnant et dès les premières minutes du film, on voit l’énorme pont roulant qui domine la chaine de travail, et que nous reverrons à la fin, manipulé par Marc. Mais le film montre à quel point la machine n’est rien sans l’homme, et marque ainsi l’importance du métier du père. Les machines tombent en panne et sans l’homme qui les répare, pas de productivité. Dans le film, on voit les ouvriers s’affairer autour d’une machine manifestement en panne. Quelqu’un fait mine de prendre un outil et un collègue dit « fais-le à la main ! ». La main, le corps… l’outil principal. Malgré tous les systèmes de suspension et les mécanismes permettant de déplacer plus facilement les lourdes pièces, on peut constater que Marc et ses collègues interviennent fréquemment pour remettre les pièces dans le bon axe, les pousser vers leur support, enlever un obstacle… A nouveau, l’intervention de l’homme, de l’ouvrier, est nécessaire.
La mention que fait le cadet de l’équipe de sa formation pour devenir électro-mécanicien, et les propos de Marc dans son garage, qui parle à Maxime de température de fusion notamment, d’angle d’approche de la matière… font prendre conscience au spectateur qu’il ne s’agit pas que d’un métier manuel, qu’il y a aussi des connaissances théoriques à maîtriser, que le métier est peut-être moins simple que ce que véhiculent les clichés…
Ici, on ne parle pas d’amitié (pour Marc, être amis c’est partager plus que le travail) mais de camaraderie, de solidarité, de respect et de reconnaissance professionnelle par ses pairs. « Je ne m’étais (…) pas rendu compte de l’ambiance, de la camaraderie ou de l’amitié présentes au sein de la société. » dit une spectatrice à la sortie d’une projection à La Louvière.
Le plus jeune membre de l’équipe de maintenance insiste lui aussi sur cet aspect des choses. Lorsque Maxime lui demande pourquoi il a changé d’usine, il répond qu’en venant travailler dans une plus grosse usine, il pensait y trouver une meilleure sécurité d’emploi. Il a vite déchanté mais il s’affirme content de l’avoir fait parce qu’ici, l’ambiance est meilleure. D’ailleurs – et c’est étonnant dans ce monde d’hommes – dans l’équipe, on s’embrasse pour se dire bonjour. Pendant les pauses, on ne s’isole pas mais on se retrouve autour d’un café, d’un jeu de cartes. Même la scène de début du film, où l’on voit Marc se reposer, la tête entre les bras, finit par montrer qu’il n’est pas seul puisque quelqu’un s’adresse à lui, Marc relève la tête et sourit.
A la fin d’une journée de travail, on voit les ouvriers discuter dans les vestiaires: “nous revenons demain matin si tout va bien, à moins qu’on gagne au lotto – je ne joue pas… je jouerai un jour – j’espère que tu gagneras, je l’espère vraiment”. Ce simple dialogue permet de comprendre beaucoup de choses: ils aiment leur métier et leur usine mais si on leur en donnait les moyens, ils arrêteraient. Chacun d’eux le sait et souhaite aux autres de pouvoir lâcher ce travail. Entre plaisanteries, vannes, coups d’œil complices et jeux de cartes, l’ambiance paraît être réellement excellente entre ces compagnons d’usine. Y compris sous les douches où l’on chante à tue-tête et où l’on se parle d’une douche à l’autre.
DECONSTRUIRE DES CLICHES, COMPRENDRE LE METIER
Maxime donne à sa mère le rôle de celle qui représente tous les autres : au début du tournage, elle ne sait pas vraiment ce que fait son mari, n’a aucune idée de ce à quoi ressemble l’intérieur de l’usine, ne s’y intéresse pas vraiment. Elle dit n’avoir jamais vu l’usine et que « c’est peut-être mieux comme ça ». Peut-être veut-elle exprimer par cette formule qu’elle n’a pas trop d’idées de ce que fait Marc et qu’elle préfère garder l’illusion d’un métier intéressant. Elle semble vouloir à tout prix imaginer un endroit clair, aéré et agréable. Le fait que l’un de ses amis lui ait dit que l’endroit est noir et sale ne lui plaît pas.
Quant à Marc, il ne voyait pas l’utilité de parler de son métier en-dehors de l’usine: “C’est peut-être une lacune de l’ouvrier que celle de se montrer modeste, de ne pas mettre en exergue son travail et de ne pas le partager avec son entourage”.[1] Lorsque la mère de Maxime parle du métier de Marc et de l’équipe de maintenance, elle dit d’eux qu’ « on » les considère comme « des planqués ». A la fin du film, elle a vu l’usine, senti ses odeurs, ses dangers (soulignés notamment par les nombreuses mises en garde de Marc à ses collègues). Elle a compris l’importance du travail de Marc. Elle le respecte et le considère. A la sortie d’une des premières projections, à La Louvière, « (…) un homme révélait, et non sans émotion, la joie de pouvoir partager les coulisses de son métier avec des membres de sa famille (…) ».[2]
Maxime a suivi le même parcours, plus intensément, plus profondément. Il voudrait que chaque personne qui voit son film en tire les mêmes conclusions, oublie ses clichés pour voir la qualité des hommes et de leurs métiers. Le réalisateur voudrait changer le regard, souvent méprisant, que les gens portent sur l’ouvrier : « je n’avais pas envie d’attendre qu’il ne travaille plus ou que l’usine ferme pour traiter ce sujet et déjouer les clichés du monde ouvrier».[3]
Au milieu du film (à la 30e minute d’un film qui fait un peu plus d’une heure, générique compris), le cinéaste interroge sa grand-mère : « tu n’as jamais voulu connaître son métier ? ». Elle répond par la négative et Maxime dit « personne ne sait vraiment ce qu’il fait ». C’est à partir de ce moment que nous entrons dans la phase de « transmission » au reste de la famille…
La visite de l’usine organisée pour les familles est un moment clé dans le film : on y voit Marc à la fois valorisé mais aussi très ému. Il approuve les explications données par ses collègues et prend les membres de sa famille à part pour leurs donner d’autres informations. La sirène qui retentit et les explications sur les températures de fusion font prendre conscience à l’épouse de Marc que le métier de son mari est dangereux si on ne le maîtrise pas correctement. Elle s’exclame « C’est un métier à part entière ! ». Marc et son épouse avancent l’un à côté de l’autre dans les couloirs de l’usine. Elle met son bras autour des épaules de Marc et lui dit que ce doit être bizarre pour lui parce qu’elle rentre dans son intimité. Il lui répond qu’il est en effet un peu gêné. Plus tard, dans l’atelier, Maxime et Marc voient la mère écraser une larme et cela provoque manifestement chez eux une certaine gêne. Alors elle explique à Maxime que « c’est l’émotion ». Elle pleure car elle se rend compte qu’ici, ça sent comme Marc lorsqu’il rentre à la maison.
Dans le plan suivant, on voit en gros plan les mains de Marc, qui les lave sous un robinet, frottant énergiquement, comme pour enlever l’odeur de l’usine. Mais quoi qu’il fasse, il reste des traces noires. Un peu plus loin dans le film, on voit un ouvrier se parfumer puis parfumer Marc pour rigoler. Mais l’on sait maintenant que l’odeur de l’usine ne disparaît jamais complètement.
Lors d’une discussion autour du montage du sapin de Noël dans la maison parentale, sa mère dit à Maxime avoir plus de respect pour le métier de son père depuis qu’elle a vu l’usine « parce que, tu sais, certains disent ‘oh il travaille chez Duferco’… c’est pas bien vu parce que c’est méconnu ». Encore une fois, en utilisant le « on » ou le « certains disent », le spectateur peut comprendre qu’elle parle d’elle-même et de la vision qu’elle avait « avant ». Les ouvriers sont considérés comme des mandayes, des gens moins biens que les autres.
Elle ajoute sur le travail à l’usine : « à part en temps de grève, ça intéresse peu de monde. Moi la première… avant de connaître. » De la chaleur de la discussion autour du sapin, on passe à la lumière froide d’une kitchenette de l’usine. Angelo y est resté seul, de garde, et mange un yaourt. Maxime : « tu sais ce que je fais moi comme boulot ? » ; Angelo : « c’est une blague ? (silence) D’après ce que je sais, tu es ingénieur du son. Ben voilà ! ». Ben voilà ! Pour Angelo, qui n’a pas entrepris le processus entamé par la famille de Marc, cela suffit. Savoir que Maxime est ingénieur du son suffit à savoir ce qu’il fait…
Ce que le réalisateur montre de la vie de son père ne ressemble pas aux clichés que l’on peut avoir sur l’ouvrier : il vit dans une belle maison de banlieue, propre et bien tenue, moderne. Il aide son épouse à la cuisine et a le temps d’entretenir son jardin. Il a des loisirs, s’habille simplement mais présente très bien. A l’usine, les gants et les bleus de travail sont certes sales, mais les visages sont propres, les cheveux bien coiffés, les hommes sont beaux sous leurs tenues.
La voix off du réalisateur appelle Marc « papa » en introduction du film : « Papa est un homme, un homme est une force de travail, le travail de papa est sans lumière. Papa est un corps, un corps bâti sur du silence, le silence de l’usine est le bruit de la mémoire. Papa est une voix. Voix délaissée puis tue, avortée. Mais qui es-tu ? ». Le film existe pour répondre à cette question.
A la fin du film, en voix off à nouveau, l’homme n’est plus seulement « papa », il est devenu « Marc », une entité dorénavant entière aux yeux de son fils. Marc et Maxime se sont retrouvés autour d’un respect commun.
Le geste ordinaire est l’histoire d’un fils qui trouve son père par le biais de sa relation au travail. Par l’usine, le père du réalisateur est devenu Marc. Tout travail, aussi simple qu’il puisse paraître, ne se réduit pas à être manuel ou intellectuel, mais se trouve être les deux en même temps. On peut être fier de son métier tout en ne souhaitant pas à ses enfants de le pratiquer.
Même au sein de l’usine et de son monde on ne peut plus viril se cache la tendresse. Par-delà les clichés, tout travail mérite que l’on s’y attarde, pour comprendre les gens qui le pratiquent, et qu’il n’y a pas de métier qui n’en vaille pas la peine…
[1] Angelika Zapszalka, « Une salle de cinéma en émoi » dans La Nouvelle Gazette, 21/02/2011 (à lire sur le site du film : http://www.legesteordinaire.net/index.php?/press/articles/).
[2] Ibidem
[3] “Le geste ordinaire à Mons” dans Le Soir, 15/04/2011.